Migraines ophtalmiques

La migraine est une céphalée chronique fréquente, invalidante, affectant préférentiellement les femmes.

Les crises sont souvent précédées de phénomènes visuels (Aura) qui font que l’Ophtalmologiste est souvent consulté bien qu’il ne s’agisse pas vraiment d’une maladie oculaire.

La maladie migraineuse débute le plus souvent entre 10 et 40 ans, et on retrouve dans 70 % des cas des antécédents familiaux de migraine. On estime que 10 % de la population française souffre de crises migraineuses.

 

Causes fréquentes de migraines ophtalmiques :

La migraine est une maladie héréditaire, débutant avant 40 ans et soumise à de nombreux facteurs environnementaux qui interviennent dans le déclenchement des crises :

Cycle menstruel : avant le début des règles, il se produit une baisse du taux d’œstrogènes qui induit fréquemment une crise migraineuse.

Facteurs individuels : soucis, contrariétés, surmenage entraînant un stress qui peut provoquer une crise, gros efforts physiques ou intellectuels.

Conditions météorologiques : vent, froid ou brusque variation de température.

Odeurs fortes de certaines plantes ou parfums.

Facteurs alimentaires : allergies alimentaires (œufs, chocolats, fraises, fruits de mer, alcools, glaces, charcuteries…), repas trop riches, mélange de boissons alcoolisées, jeûne de longue durée.

Perturbations du rythme circadien (excès ou manque de sommeil, horaires décalés…).

 

Diagnostic de migraines ophtalmiques :

La crise migraineuse commence le plus souvent au réveil, parfois précédée de signes annonciateurs que les patients connaissent souvent bien, leur permettant d’anticiper la crise (un traitement très précoce permet de considérablement raccourcir et atténuer la crise).

Les crises durent entre 4 heures et 72 heures.

Les douleurs sont progressivement croissantes en quelques heures avant d’atteindre un plateau. Elle est le plus souvent localisée à une moitié du crâne, alternativement à gauche et à droite d’une crise à une autre.

La douleur est invalidante, pulsatile et aggravée par l’effort physique.

La migraine s’accompagne d’au moins deux des signes suivants : photophobie (intolérance à la lumière), phonophobie (intolérance au bruit), nausées, vomissements. La fatigue (asthénie) induite par la migraine et l’intolérance aux stimulus extérieurs obligent souvent le patient à rester allongé dans le noir, le temps que la crise cède (24 heures en moyenne). La fin de la crise est rapide, avec une discrète note d’euphorie libératoire.

Pour affirmer le diagnostic, deux conditions sont essentielles :

– Survenue d’au moins 5 crises répondant à ces critères,

– Et normalité absolue de tous les autres examens, essentiellement examen neurologique.

 

L’aura migraineuse

Les migraines peuvent souvent, chez certains patients, s’accompagner de phénomènes sensoriels regroupés sous le nom d’« aura ». On parle alors de migraines accompagnées (environ 20 % des cas). Ces auras précèdent la crise et durent en général moins d’une heure. La douleur migraineuse lui fait suite, parfois après un délai de quelques minutes.

Les auras les plus fréquentes sont les auras ophtalmiques : le champ visuel se remplit de phénomènes à type de points scintillants (phosphènes), mouches semblant traverser le champ visuel (myodesopsies) ou de lignes brisées lumineuses, pouvant former des compositions complexes.

L’aura visuelle peut aussi consister en une hémianopsie latérale homonyme (perte de la même moitié du champ visuel de chaque œil), une cécité monoculaire transitoire, etc.

Les auras sensorielles peuvent se manifester par des troubles de la sensibilité à types de paresthésies (fourmillements, picotement) d’un hémicorps.

D’autres auras sont plus rares, et peuvent poser des problèmes diagnostics : hémiplégie transitoire, diplopie par paralysie oculomotrice, troubles psychiques, hallucinations auditives, troubles du langage.

Dans tous les cas, les signes doivent régresser rapidement et sans séquelle. L’examen neurologique est toujours normal dans la migraine (en dehors de complications rarissimes, voir plus loin). Dans certains cas, l’aura n’est pas suivie de migraine.

 

Rôle du scanner cérébral :

Une migraine ne nécessite aucune investigation complémentaire à condition que la crise réponde aux critères habituels de migraine typique, et que l’examen clinique et neurologique soit normal. Le scanner cérébral sera pratiqué dans les cas suivants :

Migraine affectant toujours la même moitié du crâne,

Aura de durée inhabituelle (plus d’une heure),

Aura de début brutal (l’aura s’installe en quelques minutes : on parle de « marche de l’aura »),

Aura très atypique (diplopie, anomalies rapportées au tronc cérébral, troubles psychiques, hallucinations auditives/gustatives),

Première crise migraineuse avant 10 ans ou après 40 ans,

Modification majeure et récente de la symptomatologie.

Le scanner recherche une malformation artério-veineuse intracrânienne, un accident ischémique transitoire, un infarctus cérébral.

 

Traitement de la migraine ophtalmique :

La prévention de certains facteurs reconnus comme provoquant les crises est efficace chez celles et ceux dont les crises sont soumises à un facteur extérieur. Parmi ces facteurs, citons l’alcool, le tabac, la caféine, le chocolat, certains fromages, le stress psychique, les odeurs fortes, les agressions lumineuses et sonores.

 

Traitement de la crise :

Dans tous les cas, le repos au calme, dans le noir, loin de toute agression sonore et lumineuse permet de ne pas aggraver la crise.

Pour être efficace, le traitement doit être pris le plus tôt possible et au mieux dès les prodromes de la crise migraineuse, mais après la fin de l’éventuelle aura pour les triptans.

En effet, l’aura correspondrait à une phase de vasoconstriction préalable à une vasodilatation migraineuse. Donc, l’absorption trop précoce de triptans vasoconstricteurs pourrait entraîner des phénomènes d’ergotisme. Initialement, les médicaments proposés sont le paracétamol, les anti-inflammatoires non stéroïdiens, l’aspirine, auxquels on peut associer le Primperan (anti-vomissements) qui améliore l’absorption digestive et permet d’amoindrir les nausées.

Les antalgiques ne doivent être pris qu’en cas de crise et jamais au quotidien.

En cas d’échec de ces molécules, les dérivés de l’ergot de seigle ou les triptans peuvent être introduits. Leur efficacité est très bonne, au prix d’effets secondaires et de contre-indications qu’il faut bien mettre en balance avec leur effet thérapeutique. En cas d’ultime nécessité, la morphine reste un moyen d’ultime recours.

 

Traitement de fond :

L’objectif du traitement de fond est de réduire efficacement la fréquence et l’intensité des crises de migraines. Il est proposé lorsque les crises sont fréquentes (à partir de trois par mois) et/ou invalidantes (avec un retentissement important sur les activités de par leur intensité ou leur durée). Les médicaments les plus utilisés sont le dihydroergotamine, le propranolol (béta-bloquant), le méthysergide, la Flunarizine, le valproate de sodium et l’amitryptilline (antidépresseur tricyclique, particulièrement efficace s’il existe une composante anxio-dépressive associée à la maladie). Il faut remarquer que tous ces produits ont été créés pour d’autres indications que la migraine au départ (anti-épileptique, antidépresseur etc.).

On peut également citer l’indoramine (alpha-bloquant) comme traitement de fond spécifique.

La molécule choisie doit être prise régulièrement pendant 3 mois, avec tenue d’un calendrier d’auto-surveillance où sont consignées les crises avec cotation de leur intensité et de leur durée, les prises médicamenteuses, les éventuels effets secondaires, et surtout l’efficacité. En cas d’efficacité, le traitement est encore pris 6 mois, avant d’être progressivement arrêté en espérant une rémission plus ou moins complète et durable des crises.

Aujourd’hui certains de ces traitements sont parfois associés à certaines classes de médicaments anti-épileptiques dont l’action anti-migraineuse est désormais démontrée.